Chaka Zoulou !
On a déjà dû vous parler à l'occasion de Thomas Day, un auteur que nous suivons de très près qui nous avait gratifié entre autres de L'Instinct de l'Equarisseur, et de La Voie du Sabre.
Plus récemment, le bonhomme avait fait le pari de nous proposé sa Cité des Cranes, sorte d'auto-fiction audacieuse marquée par Au Coeur des Ténèbres de Conrad, à mon humble avis injustement boudé par les lecteurs.
Thomas Day fait cette fois-ci le choix de revenir à la tête d'une arméé zouloue, et retrace l'épopée guerrière de Chaka Zoulou dans un sompteux Trône d'Ebène, sortis ces jours-ci aux éditions du Bélial.
Dans ce grandiose roman historique (si vous ne me croyez pas, vous n'aurez qu'à comparer avec la véritable Histoire ), il adopte le point de vue de Chaka pour nous relater l'avènement puis la chute de la nation zouloue, sous la forme d'une geste ciselée et saisissante.
La puissance évocatrice de l'écriture, la brutalité et la grandeur du mythe, la juste beauté de l'Afrique captivent immédiatement et ne laissent aucune échapatoire au lecteur.
Day nous offre une fresque accomplie, reprenant au premier abord la trame du roman d'apprentissage qui n'est pas sans rappeler La Voie du Sabre, en y intégrant une reflexion poignante sur la relation entre l'homme et le mythe dont il est issu (avec quelquechose de Gaiman dans son si bel American Gods). Il reprend le ton sombre et solennel qui marquait déjà La Cité des Crânes, signe alors (mais il s'agissait bien d'auto-fiction) de désillusion, et qui donne plutôt au présent récit une idée immédiate de la fatalité à laquelle, malgré la réussite et la grandeur, se condamme Chaka Zoulou.
C'est trop, trop beau, et vous avez grand intérêt à harceler vos libraires locaux pour qu'ils vous le procurent au plus tôt.
Et si comme moi vous regrettez d'avoir à quitter l'ambiance une fois le livre clos, ruez-vous sur l'excellent Zulu, film de Cy Endfield tourné en 1964 (avec un tout jeune Micheal Caine) et qui commence... là où Le Trône d'Ebène s'achève.