Le Lézard Lubrique de Melancholy Cove
Avec un titre pareil, et une quatrième de couv. tout aussi délirante, difficile de ne pas ouvrir le roman de Christopher Moore avec curiosité mais aussi appréhension.
Cependant la surprise est bonne.
On est rapidement happé par cette histoire fantasque de lézard géant qui va définitivement transformer les placide existences des habitants névrosés de Melancholy Cove.
Et de la névrose, il y en a, en pack de 100. On croise ainsi un shérif effacé et sa plantation jamaïcaine, une artiste se complaisant dans de naifs couchers de soleil, ou encore un bluesman itinérant qui ne peut jouer sans sa bonne dose de cafard. Tous les personnages sont bien barrés, et le pompon va évidemment à Molly Michon ancienne actrice schizophrène de films Z.
Le gros lézard du titre est effectivement bien lubrique. Après avoir compter fleurette à une citerne à essence (ou plutôt aisance dans ce cas précis), il attise la libido de ces futures proies, dans l'espoir de les voir acourirent dans sa grande et bien fournie gueule. C'est le même type de sournois stratagème employé par les plantes carnivores et les démarcheurs en encyclopédie. Et il parvient à attiser les sens, ce lésard si terne. Même les bigottes du coin se frottent bientôt à ses écailles, dans le plus simple appareil.
Et comme si ce licencieux Godzilla n'était pas encore assez pour les pauvres hères de ce village, ils se retrouvent aussi au milieu d'un traffic de drogue fomenté par un fonctionnaire de police bien peu scrupuleux. Il y a largement de quoi en oublier ses névroses !
A la lecture de ce sympathique Le Lézard Lubrique de Melancholy Cove on en apprend plus sur le potentiel érotique d'une débrouissailleuse, l'âpre existence des dolphinophiles et le triste devenir des actrices de films post-nucléaires. C'est plein de bonnes idées, et ça se termine bien. A essayer !
Ah oui j'oubliais : c'est dans la collection Folio Policier, mais ça n'a rien d'un policier.