Death Wish (2018)
Nous nous sommes vraiment demandé pourquoi notre pote voulait aller voir Des Suisses au cinéma : on ne connait pas grand chose en cinéma hélvète, et se déplacer pour voir une de leur oeuvre sur grand écran nous paraissait bien étrange.
Après enquête, quelle fût notre surprise de découvrir qu'il ne s'agissait pas Des Suisses mais Death Wish qu'il nous proposait de voir ! Bin oui, la version 2018 de ce classique !
Death Wish version 2018, est un film de Eli Roth, et ça, c'est déjà tout un programme. On ne sait pas quoi penser de Eli Roth à la rédaction de frozentivi.com : nous n'avons pas vu tous ces métrages, cependant Cabin Fever ne nous a pas plu, on s'est bien amusé avec les deux Hostel mais Green Inferno a été une grande déception : chiant et prétention jusqu'à la flatulence. Qu'en est-il de sa version du Justicier dans la ville ?
Autant coupé court à tout suspense dans cette chronique, Death Wish 2018 n'est pas passionnant, on s'emmerde ferme, pour continuer dans les métaphores scatologiques. Le scénario est évidemment le même que celui du film original. Bruce Willis monolythique comme un parpaing remplace le grand Charles Bronson. Seul différence réelle, Bruce exerce un autre métier, il est chirurgien (hum, hum !).
Après les scènes d'exposition d'usage nous présentant un Chicago de rêve - taux de criminalité extrême, insécurité totale : c'est l'office du tourisme qui doit être content - la femme et la fille de Bruce se font aggressées. Mais en 2018, on ne peut plus être aussi badass que dans les années 70 : pas de viol sadique, de cris angoissés, ou de corsages déchirés, l'aggression est rapidement expédiée, et ne risque pas de traumatiser beaucoup de spectateur ; la mort de la mère est même filmée hors-champs. Bon, pourquoi pas... En tout cas le film débute avec un C flou, à défaut de bémol...
Après cette mise en bouche sans réelle saveur, notre chirurgien, brisant son serment d'hypocrate, va exercer sa vengeance vu que la police est juste inefficace. Oh mais quel dilemme pour notre médecin qui va s'octroyer le doit de tuer, le choix de la profession du héros prenant alors toute sa subtile valeur ! On reconnait ici toute la finesse du réalisateur, assainant à coup de marteau piqueur son discours... En total contradiction avec cette "vas-y-prends-ça-dans-ta-face" attitude, Bruce Willice joue avec une telle sobriété le conflit intérieur, qu'il en devient aussi froid que le confit intérieur d'une dinde congelée. Dur, dur de s'attacher à un tel personnage, du coup, on s'ennuie ferme en attendant les meurtres.
Quelques petites idées nous tiennent tout de même éveillés : Bruce est filmé et directement posté sur les réseaux sociaux lors de son premier assassinat ; il y a un soupçon de gore, et ça on en voudrait engore ; il y a un/deux split screen qui mettent en parallèle le travail de sauveur de vie du chirurgien et celui du tueur. Ah, Eli Roth essaie aussi de la jouer Natural Born Killer en mettant en scène les questionnements des médias - essentiellement la radio d'ailleurs - sur le bien fondé de la vendeta du "héros". Ce bon vieux Eli Roth essaie de donner du sens à son film, mais nous on s'en fout : on souhaite juste voir des sales types se faire décalquer par notre jeune veuf - et non pas jaune d'oeuf comme le souffle un recoin problématique de notre cerveau.
Après une fusillade finale expédiée sans grande conviction, le film finit sur un happy end avec la fille de Bruce qui retrouve la pleine santé et qui est a peine traumatisée par son expérience. Une fois de plus on est bien loin de la version d'origine qui nous présentait la progéniture de Charles Bronson totalement crâmé du crâne par son aggression.
S'il y a un Des Suisses 2 à New York, comme semble annoncer le plan final, ce sera sans nous.