Doomsday
Imaginez un monde idyllique, un monde dans lequel Snake Plissken et Mad Max auraient eu des petits, un monde dans lequel Christophe Lambert aurait joué dans un Beowulf réussi...
Imaginez un monde dans lequel le CSA aurait complètement oublié d'émettre les restrictions d'usage sur un film de Neil Marshall...
Un monde dans lequel John Cleese ou Terry Jones donnerait dans la politique internationale...
Où des gens comme Jasper Fforde pourraient pondre en toute tranquilité et sans arrière pensée auteurisante des brouettes pleines d' Affaire Jane Eyre
Aahhh...
L'Angleterre.
Je vais demander la naturalisation.
Quant à la manière dont Doomsday a pu voir le jour, j'imagine bien un truc dans le genre :
Neil Marshall : "Allô, Quentin ? Oui, c'est à propos de ton projet d'enfer, là avec Rodriguez... Vous chercheriez pas un troisième homme, non, des fois???"
Tarantino : "Quoi ? Inviter un rosbif ? Tu délires mon pote ?!? Retourne donc jouer avec tes momies et tes loups garous en plastique. On parle de film d'hommes, là..."
Du coup, vexé comme tout, Neil Marshall aurait pu partir en pleurant.
Mais comme il est malin, il a préféré se farcir les 26 conférences du Collège d'Histoire de l'Art Cinématographique de la Cinémathèque française, saison 95-96 : Pour un Cinéma comparé : Influences et Répétitions.
Et il en a bavé, parce que c'est gavant.
Après, il s'est dit qu'il n'était pas nécessaire d'aller chercher dans des films obscurs voire invisibles des 70s pour trouver matière à hommage.
Après tout, ce qui lui a probablement donné envie de faire du cinéma, ce serait plutôt un truc du genre : la tendance spielberghienne et l'américanité des années 80-90 (au moins, il se sera pas farcis les confs pour rien...).
Alors il a pris son petit carnet, il a noté ses petits bonheurs de cinema regressifs, et il a fait Doomsday : un mélange très fort, cocktail halluciné de réminiscences et de confrontations, à la fois hommage et confluence de ce cinéma qu'on aime, jouissif et désordonné, casse-gueule mais pas bancal, teigneux, attachant malgré tout.
Et bien que j'idolâtre ceux qui lui ont servi de modèles, j'admire encore davantage ce qu'ils ont donné en partage au cinéma de Neil Marshall.
Welcome to the human race !