Yummy
Mitraillette et gaufrette
Oui, nous sommes en 2020 et des énièmes films de zombies voient encore le jour. Genre essoré au possible, que j'ai poncé pendant quelques années, il fallait que ce soit le FEFFS qui programme Yummy pour que je daigne y jeter un globe oculaire. Première surprise, pour la petite histoire, s'il est le dernier d'une longue lignée, c'est par contre le tout premier mort-vivant né en terre flamande. La nationalité belge est ici, comme pour la bière, un gage de qualité bien évidemment. Mieux encore, en basant l'action à Prague, Yummy nous offre des acteurs belges qui parlent anglais avec un accent russe ! Un cocktail sacrément absurde qui annonce une comédie horrifique bien menée.
Bonnet M
Le point de départ est un couple qui se rend dans une clinique de chirurgie esthétique praguoise pour une réduction, oui, une réduction, mammaire. S'il s'agit d'un décor horrifique classique, les pays de l'est ayant laissés un certain traumatisme malgré eux depuis Hostel, Yummy sait en tirer le meilleur parti. La clinique de chirurgie esthétique permet en même temps de développer les effets sanguinolents et l'humour potache grosse poitrine. N'en déplaise aux esthètes, il ne sera question de rien d'autre que cela. Le zombie est un genre hautement malléable qui peut aussi bien se faire satirique que sérieux. Mais ne nous lésons pas, l'intérêt premier restera toujours la tripaille malgré les quelques égarements intellectuels. Et pour cela, le thème de la chirurgie esthétique est parfaitement trouvé.
Liposuccion à coeur ouvert
Qui n'a jamais rêvé de devenir chirurgien pour charcuter soigner les gens sur des tables d'opérations mais ne supportait hélas pas la vue du sang ? Si c'est votre cas, Yummy a de quoi vous écœurer à l'excès. La clinique permet de faire se rejoindre le gore horrifique et médical. Comment insère-t-on des zombies au milieu des seringues de botox me demanderez vous ? C'est bien simple : une expérimentation illégale d'une nouvelle formule de crème rajeunissante dopée aux embryons qui tourne mal et voilà t'y pas que des zombies s'échappent de la cave. S'ensuit une prise d'assaut de la clinique qui ne laisse pas le temps aux médecins de finir leurs opérations en cours. Chacun doit alors tenter de survivre au cortège de mort-vivants post-opératoires sous bandage ou entièrement ouverts, la peau encore pendante d'être seulement à moitié liftée. Rien n'est épargné dans cette surenchère permanente de prothèses suintantes. Nous ne sommes pas dans Alien covenant, une petite flaque de sang n'est de loin pas la seule chose sur laquelle il faut faire attention de ne pas glisser.
Mort ou vif ?
En dehors de ça, le film déplie le scénario basique du groupe de survivants où chacun y va de sa mauvaise idée, trahison pour garder cachés ses petits secrets, mort mais en fait c'est un malaise mais je vous jure je ne suis pas un zombie mais je remeurs mais je revis mais personne ne comprend plus rien de si je suis un zombie mais ne me tuez pas s'ilvous-plaît, viens comme c'est la fin du monde on baise même si je n'ai pas fini la convalescence de mon élongation du pénis. Une base classique donc mais le bâtiment offre un cadre suffisamment grand pour proposer de suivre plusieurs groupes et ne pas les enfermer dans une pièce pour devenir un huis-clos psychologique. Malgré les blagues beaufs sur la blonde qui ne peut pas courir à cause de son décolleté, Yummy inverse les rôles classiques, ce sera aux femmes de prendre les choses en main pendant que les hommes seront trop occupés par leur entrejambe ou frileux pour faire quoique ce soit. Ah oui parce que, dernier petit complément saturant le tout. Le personnage principal est — comme vous les chirurgiens ratés — hémophobique. Ce qui fait qu'il n'aidera pas beaucoup le groupe à venir à bout des zombies, si ce n'est en leur vomissant dessus.
Conclusion intestinale
Yummy gagne en intérêt car cela faisait bien longtemps que le zombie n'avait pas été aussi décomplexé. Le scénario reste classique pour permettre de mieux se concentrer sur l'intérieur des personnages, à savoir la graisse et les organes. C'est finalement tout ce qu'on veut d'une comédie horrifique, le contrat est largement rempli et contentera même les plus avides d'hémoglobine.