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Les Aventures du Baron de Munchausen

C'était le premier film de Terry Gilliam (imdb) que je voyais au cinéma, à sa sortie en 1988. A l'époque, d'ailleurs, Terry Gilliam ou une princesse de Flandres, ça me faisait pas plus que ça.

En revoyant ce film aujourd'hui, je me demande si ça m'avait plu à treize ans... Quoi qu'il en soit, maintenant que j'ai un peu assis ma culture cinéma, je ne peux qu'apprécier.

D'abord, le Baron lui-même est un personnage on ne peut plus attachant (et mythomane) : probablement issu d'un conte populaire (on retrouve un chouette "Les Six Compagnons qui viennent à bout de tout" chez Grimm), ce brave type à même fini par donner son nom à une maladie mentale sur laquelle on ne s'étendra d'ailleurs pas.

Ensuite, parce que ce film fut réalisé presque à l'identique une première fois en Allemagne dans les années 40, en pleine guerre (imdb), et qualifié de "nazi" parce qu'il s'agissait soi-disant d'un film de propagande. En fait, le film faisait bien de la propagande, mais pas pour le régime : il était le premier à utiliser une toute nouvelle qualité de traitement de la pellicule, l' Agfacolor (brevet allemand), qui si mes souvenirs sont bons, ne nécessitait qu'un bain alors que l' Eastmancolor en demandait trois.

Véxés, les ricains ont estampillé le film "facho" et récupéré le procédé comme trésor de guerre. Cette version du film est malgré tout au moins aussi réussie que celle de Gilliam, à laquelle nous revenons de suite.

On y retrouve au moins en caméo la plupart des Monty Python, normal, mais je crois me souvenir qu'Eric Idle attend la dernière partie du générique pour chanter, et bien sûr, on y a pas eu droit en version télé...

Gilliam signe là un vibrant hommage au spectacle de machines, et au cinéma de Méliès en particulier. On retrouve la plupart des procédés du maître (disparitions, superpositions, décors peints, et j'en passe...) et c'est avec bonheur que l'on voit les ficelles. C'est mieux qu'un hommage, c'est une déclaration enflammée, et moi aussi c'est CE cinéma que j'aime, celui des effets.

Je vous recommande tout particulièrement la scène où le sultan joue son opéra "L'Apprenti Tortionnaire", c'est du petit lait.

04/07/03 julie